8 mars : journée de revendication et non de fête pour les femmes

À travers son historique et ses enjeux, (re) découvrez cet évènement appelé — à tort — « Journée de la Femme ».

Consacrée dans le monde depuis plus d’un demi-siècle, la journée du 8 mars suscite encore trop souvent des débats relatifs à sa nature. Tandis que certains en font une journée de gratitude à l’endroit des femmes de leurs vies, d’autres la célèbrent comme une fête, en dépit de l’effort de pédagogie fait par les médias.

Un historique sommaire de la journée du 8 mars

Pour cerner la genèse de cette journée, il faut remonter dans l’Europe et les États-Unis du XXe siècle. À cette époque, des mouvements ouvriers féministes font déjà sensation, déchaînant les passions à divers endroits du globe.

En effet, diverses manifestations massives ont eu lieu dans le but de revendiquer différents droits jusque-là non reconnus aux femmes, en particulier pour celui du vote. Le National Woman’s Day, la Journée internationale des femmes, et des Journées internationales des ouvrières seront célébrés l’une après l’autre.

Après 1975 (proclamé année internationale des femmes par les Nations Unies), le 8 mars a été consacré par l’organisation, cette dernière faisant hommage aux initiatives précédentes et surtout à la grève des ouvrières saint-pétersbourgeoises, chapitre phare de la révolution russe. Ainsi, depuis 1977, l’ONU exhorte ses pays membres à célébrer une « Journée des Nations Unies pour les droits des femmes et la paix internationale ».

Différentes appellations qui peuvent porter à confusion

La journée du 8 mars a connu plusieurs désignations au cours de l’histoire, ce qui a fini par en confondre plus d’un. De fait, la date consacrée par l’ONU est appelée de manière interchangeable par les désignations « Journée Internationale de la Femme» et «Journée internationale des droits des femmes ».

L’utilisation alternée des deux appellations pose problème d’un point de vue purement féministe. En effet, la première a un sens littéral plus large qui peut vite devenir ambigu, en laissant la marge à certaines entreprises pour effectuer des opérations marketing sexistes. Celles-ci ne s’en privent d’ailleurs pas, axant leur communication sur fond d’une appellation circonstancielle totalement opportune : la « Journée des Femmes ».

L’appellation « Journée Internationale de la Femme » pose ainsi un cadre favorable à l’instrumentalisation de la journée par le machisme, en jouant sur les clichés sur la gent féminine. En étant propice aux cadeaux et aux compliments, cette désignation a tendance à minimiser, voire invisibiliser l’aspect militant et revendicatif du 8 mars.

En revanche, la désignation « Journée internationale des droits des femmes » est plus complète et moins équivoque. Elle met davantage l’accent sur les défis persistants auxquels sont confrontées les femmes dans la société. Ce faisant, elle rappelle la nécessité d’une action continue à mettre en œuvre pour atteindre une véritable égalité des droits.

La compréhension de ces nuances est cruciale afin de mieux orienter ses efforts vers l’objectif principal qu’est l’égalité des sexes. Loin d’être une « journée du compliment et des traitements de faveur », le 8 mars est une occasion de se mobiliser pour apporter un regard nouveau sur la lutte pour les droits des femmes.

La journée internationale de lutte pour les droits de la femme : quel intérêt ?

Malgré tous les efforts faits pour son amélioration, la condition des femmes dans la société demeure loin d’être désirable. De fait, selon le dernier rapport d’ONU Femmes, il faudra attendre près de 3 siècles pour espérer atteindre une égalité effective entre les hommes et femmes.

Dans de telles conditions, la journée du 8 mars et sa symbolique portent un message fort et pertinent. Cet évènement mondial ancré dans la culture féministe est le moment de rappeler que :

 près de 1/3 femmes a subi des violences sexuelles et physiques ;

 5 femmes ou filles en moyenne sont tuées chaque heure dans le monde ;

 les femmes constituent 60 % des personnes les plus pauvres ;

 les inégalités salariales existent encore en défaveur des femmes qui gagnent en moyenne 23 % moins que les hommes ;

 ¼ des femmes ou filles a subi des mutilations génitales en Afrique subsaharienne.

Ces chiffres ne représentent que la partie émergée d’un iceberg de problématiques structurelles et systémiques qui entravent la participation des femmes au développement mondial. C’est pour cela que la Journée internationale des droits des femmes est le moment parfait de mettre en avant la voix des femmes.

Le 8 mars offre à toutes les femmes, militantes ou non, une tribune pour dénoncer des injustices, mais également de réaffirmer leur engagement envers la cause de l’égalité des sexes.

En somme, le 8 mars consacré comme Journée internationale des droits des femmes est un rendez-vous significatif pour les luttes pour les droits des femmes. En faisant preuve de curiosité et de compréhension, tout le monde peut contribuer à en faire une journée de commémoration forte.

N’hésitez donc pas à faire une action dans ce sens en partageant cet article pour éduquer vos proches sur cette journée militante !

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